Commerce du sucre à l’échelle mondiale et l’OMC

À l’échelle mondiale, le commerce du sucre n’est pas réparti uniformément. Alors que le marché canadien du sucre est ouvert, basé sur les prix du sucre au niveau mondial et qu’on y impose de faibles tarifs (certains des tarifs les moins élevés au monde), la plupart des pays imposent des quotas protecteurs et des tarifs élevés pour protéger les producteurs de la concurrence mondiale. La protection dans ces pays touche surtout le sucre raffiné et les produits alimentaires contenant du sucre à valeur ajoutée. Ceci fait que le sucre raffiné canadien a peu ou pas d’accès aux marchés étrangers et les produits contenant du sucre font face à des quotas restrictifs et d’autres règles qui limitent les exportations canadiennes.

Marché du sucre mondial et commerce

La production mondiale de sucre était évaluée à environ 180 millions de tonnes. La production mondiale est surtout dominée par le Brésil et ensuite l’Inde, l’Union européenne et la Chine (voir tableau ci dessous). La production du sucre de canne représente la majorité de la production mondiale (environ 80 %) et se concentre principalement en Asie, en Amérique du Sud et en Amérique centrale. La production de la betterave à sucre continue d’être contrôlée par l’Union européenne, suivi de la Russie et des États-Unis.

Dix plus grands producteurs de sucre au monde 
(Million de tonnes métriques)
Pays  2017/18 2018/19 2019/20
Brésil 40.4 30.4 31.0
Inde 35.3 35.8 29.5
UE 20.2 16.7 16.3
Chine 11.2 11.7 11.3
Thaïlande 15.0 14.9 8.5
Russie 7.2 6.5 8.4
É-U. 8.4 8.2 7.3
Pakistan 7.2 5.7 5.7
Mexique 6.2 6.6 5.6
Australie 4.6 4.9 4.4
Source: F.O. Licht

Historiquement, l’approvisionnement et la demande du sucre dans le monde sont caractérisés par un déséquilibre au niveau de l’approvisionnement et de la demande qui se reflète par des prix très volatils dans les marchés mondiaux. Depuis plusieurs décennies, la production mondiale de sucre est supérieure à la consommation, ce qui se traduit par des prix plus faibles et des stocks plus élevés. Il y a aussi eu de courtes périodes où on a eu un déficit, habituellement parce qu’on a eu des problèmes avec les cultures dans les principaux pays producteurs, ce qui cause une forte hausse des prix à court terme, suivie par une baisse aussi marquée.

Environ 40 % de la production mondiale de sucre est exportée; cependant, une part importante de ce commerce suit les préférences historiques de chaque pays ou des accords bilatéraux. Par exemple, les États-Unis et l’Europe permettent des importations préférentielles venant de certains pays en développement et moins développés, alors que les pays industrialisés comme le Canada ne peuvent exporter facilement sur leurs marchés. Ces genres de politiques continuent d’avoir un effet négatif sur le commerce du sucre au niveau mondial ainsi que sur son prix.

L’OMC, l’agriculture et le commerce du sucre

L’organisation mondiale du commerce (OMC) est un organisme international qui négocie et fait respecter les règles touchant le commerce entre les pays membres. L’objectif de l’OMC est de faire respecter les règles commerciales existantes actuelles afin de fournir aux importateurs et exportateurs des échanges prévisibles et de négocier des accords entre les pays membres afin de mieux libéraliser le commerce mondial des biens et services. L’OMC compte 164 pays membres, qui représentent plus de 96 % du commerce à l’échelle mondiale. Les décisions sont faites par tous les membres, en général par consensus.

Les membres de l’OMC sont conscients du besoin de réformer les politiques agricoles mondiales qui continuent d’avoir des effets négatifs en raison des subventions et d’obstacles importants sur le plan commercial. En 1995, les négociations d’Uruguay de l’OMC ont permis d’avoir le premier accord multilatéral qui comprenait le secteur agricole. Ceci a commencé le processus d’élimination et de réduction des tarifs, en éliminant les interdictions et restrictions à l’importation et en diminuant les subventions au niveau domestique et pour l’exportation. Malheursement pour les producteurs de sucre raffiné canadiens, l’accord a réduit le marché plutôt que de l’améliorer, puisque les États-Unis ont changé les règles de quota pour créer plus de restrictions sur les importations de sucre raffiné et de produits contenant du sucre.

En novembre 2001, à Doha au Qatar, les pays membres de l’OMC ont accepté de lancer de nouvelles négociations en vue d’apporter des réformes importantes au commerce mondial. Ce processus de réforme du commerce agricole avait déjà commencé et est devenu partie intégrante des négociations de l’OMC à Doha. Malheureusement, les négociations ont achoppé en 2008 peu d'autre progrès a été fait depuis pour diminuer les distorsions mondiales en ce qui concerne l’agriculture, y compris le commerce du sucre.

L’Institut canadien du sucre soutient les négociations de l’OMC puisqu’elles représentent la meilleure chance d’obtenir des réformes tangibles des politiques du sucre dans les marchés étrangers. Une entente positive diminuerait les distorsions des programmes de sucre, réduire les tariffs à l'importation et d'élargir des quotas à l’importation, afin de créer un marché suffisant pour le sucre raffiné et les produits contenant du sucre. La réduction mondiale des obstacles commerciaux est la meilleure chance d’améliorer les exportations et permettra au sucre raffiné et aux produits contenant du sucre canadiens de continuer de prospérer et de croître.

L’industrie canadienne du sucre travaille en collaboration au niveau domestique et international afin de faire connaître la position de l’industrie aux négociations de l’OMC. L'Institut canadien du sucre (ICS) est un membre fondateur de l’Alliance canadienne du commerce agro-alimentaire (ACCA), l'association nationale qui comprenant des producteurs, des transformateurs, des commerçants, et des exportateurs des secteurs agro-alimentaires qui sont dépendants du commerce. L'ICS est aussi un membre fondateur de la Global Alliance for Sugar Trade Reform and Liberalisation (GSA), une coalition internationale de producteurs de sucre brut et raffiné qui recherchent une libéralisation tangible du marché du sucre à l’échelle mondiale. En tant que membre de l’ACCA et de la GSA, les raffineurs de sucre canadiens travaillent avec d’autres producteurs qui recherchent la réduction des barriers commerciales mondiales pour les produits agro-alimentaires, comme le sucre.